Gaillac Vignoble & Patrimoine Millénaires

Mauzac - 1525

LE MAUZAC

Apparu dès le seizième siècle dans la littérature (1525, Mausac dans le Tarn), il est par la suite cité à de multiples reprises dans tous les vignobles du Sud-Ouest, de l’Aveyron au Bordelais, ainsi que dans l’Aude. C’est cependant à Gaillac qu’il reste le plus fréquemment mentionné. Son nom pourrait provenir de l’un des villages nommés Mauzac (ou Meauzac), voire de la ville de Moissac, comme peuvent le suggérer certaines synonymies (Moisac, Moysac ou même Moissac).

Cette variété fait preuve d’une diversité remarquable, fréquemment relatée dans les textes et fruit de mutations naturelles subies au cours de sa longue histoire culturale. Des travaux menés depuis les années 1970 et ayant abouti à la création de deux conservatoires riches de 220 origines à Gaillac et Limoux, ont notamment permis de caractériser plusieurs morphologies de grappes : lâches à long pédoncule, compactes à pédoncule court, très lâches à grains dorés, cylindriques, très compactes à baies dures et pellicules épaisses, … Il existe aussi un Mauzac fou, ou brumaïre, totalement coulard, et une forme rose bien connue, à grappes compactes. Le Mauzac noir, parfois évoqué dans la littérature et épisodiquement recensé en 1958, n’a jamais été retrouvé. Sous cette dénomination ne figurent en collection que des variétés génétiquement distinctes ne correspondant pas à la forme noire du cépage.

Les analyses génétiques n’ont pas permis de retrouver ses parents, mais lui ont attribué un rejeton, le Négret Castrais, fruit d’un croisement avec le Morrastel espagnol, encore parfois rencontré dans les vielles parcelles du Sud-Ouest. Le Sécal, cépage blanc anecdotique retrouvé à Gaillac, pourrait en être un autre descendant direct.

Après la reconstitution post-phylloxérique, le Mauzac, largement replanté, constitue le cépage dominant du vignoble tarnais et fait la réputation des vins blancs de Gaillac, qui accèdent à l’AOC dès 1938. Il occupe toujours le rang de cépage principal dans l’appellation, aux côtés du Len de l’El et de la Muscadelle. Si, en 1958, on en recensait plus de 9000 hectares en France, il en reste moins de 2 000 aujourd’hui dont environ 700 dans le Tarn.

Cépage polyvalent, il permet de produire des vins blancs secs, doux ou effervescents (particulièrement en méthode ancestrale, exclusivement à base de Mauzac à Gaillac et Limoux). Quelques vignerons élaborent également des vins de voile, ainsi que des eaux de vies. De fertilité régulière, maturité tardive et vigueur équilibrée, le Mauzac se prête particulièrement bien à la taille traditionnelle en gobelet et préfère les sols argilo-calcaires. Les vins présentent souvent un volume en bouche important, et expriment des arômes caractéristiques de pomme verte, de poire ou de pêche.

CHRONOLOGIE

1525 : première mention de Mausac à Villeneuve les Lavaur (Tarn)
1564 : Vigne Mauzague à Carcassonne (Aude)
1736 : Mausat, de blanc et de noir, en Languedoc
1630 : Mauzac, près de Lavaur (Tarn)
1783-1784 : nombreux signalements dans la Vallée de la Garonne (enquête ampélographique de Dupré de Saint-Maur)
1845 : le Comte Odart parle de la « tribu des Mauzac »
1867 : Mas et Pulliat observent le blanc, le rose ou rouge, et un Mauzac coulard, à chair ferme et peau épaisse.
1880 : Caraven-Cachen, à Gaillac, distingue Mauzac blanc, rouge, vert, roux, rosé et doré.
1938 : création de l’AOC Gaillac blanc, avec les Mauzac blanc et rose comme cépages principaux.
1938 : création de l’AOC « Blanquette de Limoux », avec le Mauzac comme cépage principal
1958 : premier cadastre viticole ; 8511 ha de Mauzac blanc et 504 ha de Mauzac rose recensés
1971 : premier conservatoire établi à Limoux
1976 : premier conservatoire établi à Gaillac
1978 : agrément et multiplication du premier clone de Mauzac blanc, sélectionné à Gaillac
1981 : Sélection de 4 clones à Limoux, avec objectif vins effervescents
1987 : agrément de 2 clones complémentaires, sélectionnés à Gaillac
1990 : agrément d’un clone de Mauzac rose

BIBLIOGRAPHIE

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