Gaillac Vignoble & Patrimoine Millénaires

Duras - 1437

LE DURAS

Ce cépage, très anciennement connu à Gaillac, n’a été retrouvé ailleurs que de façon très anecdotique (Ariège ou Aveyron notamment). Tallavignes, dans l’Ampélographie de Viala et Vermorel (tome 3, 1902), fait état d’un acte notarié citant le Duras dans le Tarn en 1484, mais cette référence, qui constitue la première mention du nom dans la littérature, est malheureusement aujourd’hui introuvable. Si, depuis l’avènement des analyses génétiques sur la vigne au tournant du 21è siècle, les généalogies obtenues ont souvent confirmé les observations anciennes, la publication de la parenté complète du Duras (T.Lacombe., 2012) a constitué une surprise : il est issu d’un croisement entre le Savagnin, cépage du Jura à la nombreuses descendance, et le Tressot, originaire de l’Yonne. Les sources du Duras renvoient donc vers l’est de la France, son implantation dans le sud-ouest ayant pu se faire à la faveur du pèlerinage vers Saint Jacques de Compostelle, peut-être durant le haut Moyen-Age. En effet, accompagnant les Hommes, les cépages peuvent voyager sous deux formes : leurs bois (boutures), qui permettent déplacement de variétés existantes, et leurs pépins, qui, après semis, donnent tous des individus différents que l’on peut multiplier ensuite par bouturage. Les deux cas de figure sont possibles ici, sachant que si le Tressot et le Savagnin se sont croisés dans le sud-ouest pour y faire des enfants, ils en ont totalement disparu par la suite.

Sensible à diverses maladies, en particulier l’oïdium, il a connu une désaffection après la reconstitution post-phylloxérique, avant de retrouver son rang à partir de la création de l’appellation Gaillac rouge, qui lui donna le statut de cépage principal en 1970. Son nom rappelle la dureté de ses bois, bien connue des tailleurs de vigne et qui participe à son port dressé, le rendant apte à former de belles souches qui peuvent se passer de palissage. C’est un cépage à débourrement et maturité précoces, fertile, produisant de belles grappes ailées et donnant, à des rendements raisonnables, des vins rouges d’une belle couleur, aux tanins fins et aux arômes caractéristiques de poivre. Un conservatoire de 150 origines lui est consacré à Gaillac, où il couvre aujourd’hui plus de 800 ha.

SOURCES

ARTOZOUL J.P., BAUDEL J., BISSON J., DURQUETY M., GUILLOT R., LAGARD P., LEVADOUX L., 1960 : Synonymie ampélographique de l’ouest viticole français. INRA éditions, 73 p.

GALET P., 1957-1962 : Cépages et vignobles de France, tomes 2 et 3 – Les cépages de cuve. Imp. Déhan, Montpellier.

GALET P., 2015 : Dictionnaire encyclopédique des cépages et de leurs synonymes. Editions Libre et Solidaire.

IFV-INRA-MONTPELLIER SUPAGRO-VINIFLHOR, 2007 : Catalogue des variétés et clones de vigne cultivés en France, 2è édition. Actualisé et disponible en ligne : http://plantgrape.plantnet-project.org/

IFV SUD-OUEST : Archives internes.

INRA DE MARSEILLAN, DOMAINE DE VASSAL : Archives internes. Communiquées par Thierry Lacombe.

LACOMBE T. ET AL., 2013 : Large-scale parentage analysis in an extended set of grapevine cultivars (Vitis vinifera L.). Theoretical and Applied Genetics, Vol.126, n°2, 401-414.

LAVIGNAC G., 2001 : Cépages du Sud-Ouest, 2000 ans d’histoire – Mémoires d’un ampélographe. INRA éditions.

LEVADOUX L., 1962 : Cépages et encépagement à Gaillac. Actes journée viti-vinicole, Gaillac 26 avril 1962.

RIOL J. L., 1913 : Le Vignoble de Gaillac depuis ses origines jusqu’à nos jours. L’emploi de ses vins à Bordeaux. Imp. Amat et Champion, Paris.

VIALA P., VERMOREL V., 1902-1910 : Traité général de viticulture – Ampélographie. 7 volumes. Article Duras par Tallavignes, tome 3, 1902.

Partager cet article